Petit rappel pour ceux qui découvrent : inktober, c’est la contraction de « ink » (encre) et « october » (octobre). Il s’agit de produire un dessin par jour, à l’encre, pendant le mois d’octobre. Chacun s’approprie ensuite le challenge comme il l’entend. L’idée c’est de s’amuser, de créer, de progresser…
Cette année encore je me suis prêtée au jeu. L’occasion pour moi de m’imposer un cadre et un rythme qui m’aident à créer. J’avais émis au départ le souhait de ne pas y consacrer plus d’une heure par jour (pour ne pas que ça empiète trop sur mon boulot…). Ah, Ah ! Quelle naïveté…
Au final, j’y passais en moyenne 2h30 par jour : en comptant la création + la publication quotidienne sur les réseaux sociaux (ma page facebook et ma page instagram).
Ça pèse son poids en encre, papier heures de travail et gouttes de sueurs !
Aux thèmes officiels, j’avais décidé d’ajouter une petite contrainte supplémentaire : celle de raconter des anecdotes de nos 17 mois de voyage, principalement en Australie et Nouvelle-Zélande.
Si vous voulez (re)vivre l’aventure de ces 31 jours d’octobre, suivez le guide :
Jour 1 : Ring / Anneau
Je vous emmène dans le pays du Mordor. Direction le Tongariro, ce parc national de Nouvelle-Zélande, dont les paysages volcaniques ont inspiré Peter Jackson pour y planter le décor du Royaume des Ténèbres.
Tellement grandiose qu’on pourrait facilement imaginer une demande en mariage, mais on a préféré ne pas prendre de risque.
Jour 2 : Mindless / Stupide
Extrait de conversation avec Ben
– Le thème du jour c’est « mindless », je ne sais pas trop quoi dessiner.
– On a du en faire des trucs stupides pourtant !
– …
– …
– Comme se baigner dans les gorges de la Katherine River ?
– Par exemple ! C’est exactement ce à quoi je pensais !
– Hmm… j’y avais pensé aussi, mais c’était pas forcément un truc que je voulais mettre en avant…
Jour 3 : Bait / Appât
Aujourd’hui, on embarque sur le bateau de Stephen, qui nous propose de le suivre à la pêche aux crabes, dans les mangroves du nord de l’Australie. En guise d’appât, des carcasses de poulet dans des trappes qu’on laisse tomber au fond de l’eau. On reviendra relever les pièges le lendemain.
Les aborigènes pratiquaient une pêche un peu différente : ils ne gardaient que les pinces et relâchaient les crabes à l’eau. Comme les pinces repoussent, c’était un moyen de prélever les ressources sans les piller.
Jour 4 : Freeze / Geler
Nous n’avions pas prévu d’isolation dans notre van (pas plus que bonnets et doudounes dans nos sacs à dos… l’Australie quoi : crème solaire et maillots de bain !) Mais nous avons traversé l’hiver en même temps que le désert, en plein milieu du pays, et les nuits y sont fraîches. On s’est réveillé un matin sans pouvoir faire couler l’eau du robinet, elle avait gelé (à l’intérieur du van !) Et le reste de riz qu’on avait laissé refroidir sur le toit, la veille, était comme sorti du congélateur !
Et là, rien de tel qu’un p’tit déj au porridge fumant pour réchauffer la tuyauterie !
Jour 5 : Build / Construire
Le voyage a fait grandir en nous un projet futur de construction écologique. Nos échanges de travail contre gîte et couvert, c’était aussi l’occasion de découvrir de nouvelles façons de vivre, et de construire. En Nouvelle-Zélande, dans un petit coin de paradis préservé, on a participé à la construction d’une maison en « cob » : un mélange d’argile, de sable et de paille. Après, si t’as des compétence en pâte en à modeler, t’es embauché !
Jour 6 : Husky / Rauque
A Kuranda, dans la région de Cairns au Nord de l’Australie, on rencontre Jimmy : un bluesman français passionné, tombé amoureux du pays et du didgeridoo il y a plus de 20 ans. Cet instrument, comme une extension de son corps, fait écho à sa voix rauque et profonde. Il s’est lié d’amitié avec les membres d’une tribu locale et s’est donné pour mission de défendre leur valeurs et leur culture. Il nous raconte les dérives qu’il existe autour du commerce du didgeridoo (et du commerce de l’art aborigène en général : entre exploitation et contrefaçon… ).
Jour 7 : Enchanted / Enchanté
Des forêts enchantées, on en a traversé plusieurs au cours du voyage. Mais la première fois, c’était en Tasmanie, en chemin vers Lorinna. Une famille nous attendait dans ce village perdu au milieu de la forêt. On n’était pas tellement rassuré au volant de notre van sur cette route de terre étroite qui se fondait dans la brume et dans le crépuscule, et n’en finissait plus. 17 km à 30km/h à se demander quel genre de créatures fantastiques pouvait bien vivre au fond de cette vallée ? Humain, elfes, lutin ? Franchement, on commençait à avoir des doutes !
Jour 8 : Frail / Frêle
On peut considérer que le petit kangourou dans la poche de sa mère est « frêle »… mais en vrai, le thème du jour ne m’inspirait pas. Et comme j’ai beaucoup hésité il y a quelques jours pour illustrer le mot « construire », voici un autre épisode constructif : l’aménagement de notre van. Un mois de bricolage chez Graham et Shirley. En échange du gîte, du couvert et surtout de l’accès au garage et à tous les outils (on n’aurait pas pu mieux tomber), on leur filait un coup de main à la maison et au jardin.
Jour 9 : Swing / Balançoire
Un peu de sport, c’est important pour se mettre en appétit. Après cette performance acrobatique, on dégustera des noix de coco fraîchement ramassées sur cette plage déserte du nord du Queensland, vers Cooktown. Ambiance tropique assurée
Jour 10 : Pattern / Motif
Quand il s’agit de « motifs », je pense de suite à l’art aborigène. Le musée de Darwin présente des oeuvres traditionnelles et contemporaines de différents peuples d’Australie. Une visite très inspirante !
Jour 11 : Snow / Neige
La mauvaise idée de ce jour neigeux en Tasmanie : faire du stop au bord d’une route où passe 4 voitures par heure, pour tenter de se rendre à presque 200 km de là, et atteindre le départ de la randonnée…
Jour 12 : Dragon
Cette histoire de dragon (waterdragon, plus précisément) racontée en BD se déroule dans un parc national au nord de Sydney. Les animaux sauvages sont un peu moins sauvages que dans les coins plus reculés d’où on venaient… on n’était pas habitués !
Jour 13 : Ash / Cendre
C’est en Indonésie que je vous emmène aujourd’hui, sur l’île de Java. Randonnée extrêmement matinale pour pouvoir admirer le lever du soleil sur le Mont Bromo. Le volcan était alors en éruption. Impressionnant spectacle de cendres et de fumée que nous avons admiré toute la matinée !
Jour 14 : Overgrown / Envahi par la végétation
On reste encore un peu en Asie du Sud Est pour le dessin du jour, direction le Cambodge cette fois-ci. Dans la région d’Angkor, la nature a largement repris ses droits sur cette cité remarquable du IXe siècle. On se prend un peu pour des explorateurs en se frayant un chemin à travers les ruines et la végétation.
Jour 15 : Legend / Légende
Uluru, cette montagne sacrée, est bercée de légendes que les peuples aborigènes se transmettent depuis des dizaines de milliers d’années. Plus gros monolithe du monde, c’est aussi une curiosité et un emblème de l’Australie que les touristes veulent absolument grimper. Sauf que c’est dangereux et surtout défendu par le peuple Anangu, propriétaire (reconnu en 1985) de ce territoire. Le 26 octobre 2019, l’ascension d’Uluru a été officiellement interdite ! Enfin ! Lorsque nous y étions, les guides du parc national essayaient de sensibiliser le public en l’encourageant à découvrir le site d’en-bas. Une balade d’une dizaine de kilomètre fait le tour du monolithe, ce qui permet de l’apprécier sous tous ses plus beaux profils ! Alors que le parc accueille des milliers de visiteurs par jour, nous n’avons croisé que quelques personnes sur ce sentier…
Jour 16 : Wild / Sauvage
En Nouvelle-Zélande, la côte ouest de l’île du sud est très sauvage. La végétation dense et humide, digne d’un décor de Jurassic Park, abrite une faune timide et discrète. Cette nuit-là, on a entendu le cri des kiwis. Et même si nous n’avons pas eu l’occasion de voir ces drôles d’oiseaux en vrai, la sensation de les savoir tout près reste un moment magique du voyage !
Jour 17 : Misfit / Inadapté
Quand on passe un peu trop de temps hors de la civilisation, dans le bush ou sur la route, avec peu d’autres interactions humaines que nous-mêmes, on a vite fait de perdre certains codes sociaux…
(il fallait économiser l’eau, aussi…)
Jour 18 : Ornament / Décoration
Ces 18 mois de HelpX (échange de travail contre le gîte et le couvert) nous ont amené à faire un tas de petits boulots variés. Nourrir des vaches, réparer des clôtures, faire du jardinage, nettoyer les vitres, faire du béton, couper du bois et tant d’autres bricoles. Parfois, nos hôtes profitaient de nos compétences particulières pour nous faire faire des choses un peu plus spéciales, un peu moins prévues. C’est comme ça que je me suis retrouvée à faire de la décoration de porte de cuisine ! J’étais heureuse que ce travail créatif soit reconnu au même titre que tous les autres travaux. Et j’avoue, je me sentait un peu privilégiée lorsque je passais mes journées à peindre au frais pendant que Benji suait sous la cagnasse, à déplacer des brouettes de terres et des sacs de cailloux… à la fin de la journée, on avait la même nourriture dans notre assiette et le même matelas confortable !
Jour 19 : Sling / Écharpe de portage
Je vous emmène une fois de plus à Lorinna en Tasmanie (dans la même maison où j’ai peint sur la porte), à la rencontre d’un bébé qui ne pouvait dormir qu’en mode marsupial (accroché à ses parents), et d’un super papa qui pouvait continuer, en toute sérénité, la construction de sa maison !
Jour 21 : Treasure / Trésor
Il y a une centaine d’années, en cherchant de l’eau, un mec a trouvé de l’opale à Coober Pedy (cette ville si inhospitalière que les gens sont obligés de vivre sous terre pour conserver une température ambiante supportable…). Et rapidement, les gens sont venus du monde entier pour creuser… d’où les milliers de monticules de terre caractéristiques qui recouvrent les environs. Une vraie ruée vers l’opale ! Nous, on a tenté notre chance en faisant du « noodling » : chercher dans les gravats qui ont été déblayés, et parfois il arrive qu’on trouve des petits morceaux…
Jour 22 : Ghost / Fantôme
J’ai cherché au fin fond de mes souvenirs si on n’avait pas visité un château hanté, une maison abandonnée, croisé des esprits dans des sites sacrés… non non, rien de tout ça… Le seul truc qu’on a pu croire hanté, c’est notre van, les quelques nuits avant qu’on découvre qui était à l’origine de ces petits bruits la nuit !
Jour 23 : Ancient / Ancien
En Australie, on est allé à un concert de Xavier Rudd and the United Nation. Ambiance relax en plein air.
Jour 24 : Dizzy / Vertigineux
Il y a les gardiens de phare et les gardiens de feux. Ici, dans la région de Pemberton (Australie Occidentale), des plateformes de bois ont été construites à la cime des plus hauts arbres des forêts, pour surveiller les départs de feux. Parce que les incendies, dans cette végétation aride, avec des essences d’arbres chargées en huile, deviennent vite ravageurs et incontrôlables. Aujourd’hui, on a d’autre moyens de surveillances, mais ce réseau de plateformes était utilisé jusqu’à y’a pas si longtemps. Lorsque nous y étions, on pouvait grimper à l’échelle en colimaçon du Diamond Tree (un Karri géant de 50m de haut), mais je viens d’apprendre que c’est désormais fermé au public.
Jour 25 : Tasty / Savoureux
La grande cuisine n’est pas incompatible avec le voyage en van ! Comme on avait peu de moyens de conservation, et qu’on n’avait pas toujours la possibilité de se ravitailler, on faisait parfois notre pain (cuisson à la poêle). On s’est même lancé dans l’élaboration de nos barres de céréales pour les randonnées.
Jour 26 : Dark / Sombre
C’était un soir en Tasmanie, après un repas partagé avec une famille qui nous avait pris en stop et proposé de nous héberger pour la nuit. De manière très spontanée, on s’est retrouvé à 5 dans leur petite voiture, parés d’un kit de secours, à la rencontre de la vie nocturne. Dee et sa famille ont l’habitude de recueillir des bébés animaux orphelins, ou blessés, pour les sevrer, les soigner puis les relâcher. Il y a un nombre incroyable d’animaux mort sur le bords des routes australiennes.
Dans la voiture s’enchaînent donc les « pas viable », « moitié de wallaby », « stoooooooop, fraîchement mort!! », à mesure que nous croisons les cadavres sur le bord de la route. La mission ce soir est d’une part, de dégager ces cadavres de la chaussée pour éviter que d’autres animaux charognards se fassent percuter à leur tour en mangeant les restes, et d’autre part de vérifier qu’il n’y ait pas de bébé toujours vivant dans la poche des mamans (tous les bébés marsupiaux finissent leur croissance dans la poche de leur mère). Étrange virée nocturne, où les sentiments se mêlent : tristesse et dégoût, mais joie de partager un bout de quotidien de cette famille si chaleureuse. Et puis, gratification à dame Nature de nous avoir permis d’observer aussi des animaux vivants cette nuit là !
Jour 27 : Coat / Manteau
En Australie, on a découvert le réseau de « second hand shop » et « Op’ shop » (des magasins de seconde main, caritatif, associatif ou business), beaucoup plus développé qu’en France. Bien pratique pour meubler notre van, et aussi pour acheter des fringues un peu plus chaudes pour notre séjour en Tasmanie (souvenez-vous, notre garde-robe de voyage était plutôt orientée tong et slip de bain, à la base).
Jour 28 : Ride / Balade
Petite virée à scooter à la découverte des rizières, à l’intérieur des terres. Il n’y a pas que des plages de sable blanc à Bali !
Jour 29 : Injured / Blessé
En voyage, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Cette belle entorse (2ème jour en Nouvelle-Zélande quand même) a légèrement compromis nos plans (on avait prévu pleeeeein de randonnées). Mais voyager, c’est aussi improviser avec ce qui se présente chaque jour !
Jour 30 : Catch / Capture
Daintree Forest. On est parti en quête du casoar, ce gros oiseaux menacé (et menaçant) qui se cache dans les forêts humide du nord est de l’Australie. En vrai, on ne verra que ses excréments et des traces de pattes dans le sable… mais ce petit exercice dessiné me permet de rectifier le tir.
Jour 31 : Ripe / Mûr
Le meilleur goûter du monde : celui improvisé sur le bord de la route lorsque l’on croise un énorme manguier plein de fruits mûrs, prêts à être dévorés. Un banc et une fontaine sont installés en dessous, pour nous inviter à la dégustation…
7 réponses sur « Inktober 2019 »
Alice, je confirme, tu es une vraie plume (au sens épistolaire).
Tes commentaires sont aussi savoureux que tes dessins pétillants;
A quand un ouvrage en tant qu’autrice-illustratrice?
Oui, je sais, une mère n’est pas objective..; mais, quand même!!!
Annie
Merci maman !
patience, patience, ce jour viendra peut-être… 😉
Bien d’accord avec Annie ! D’ailleurs, je vois tout à fait une collection qui correspondrait à ton travail !
Je t’envoie ça de suite.
Merci pour le voyage inktober, c’était très chouette !
Merci ! (et merci d’avance pour ce que tu vas m’envoyer 😉 hihi)
Bravo pour ce challenge!
J’ai passé un excellent moment à lire ce voyage illustré!
C’est vrai je te vois très bien comme autrice (teure?) illustratrice.
J’ai enfin pris le temps de lire les 31 Inktober (il m’en manquait quelques uns). C’est super fluide de lire tes textes, je valide les commentaires de à quand les projets auteur/illustrateur!! 🙂
Merci pour ces partages.
Merci Marine ^_^
Projet solo sur le voyage à la suite de ma to-do-list des projets 😉
patience…